Publié par Milena dans Voyage ici & ailleurs le 18/08/2022 à 11:00
Lucie, co-fondatrice de TrendEthics, nous raconte son incroyable voyage au Vietnam, à la rencontre du peuple Cils. Avec eux, elle s’est aventurée dans la jungle pour partir à la récolte du miel sauvage…
C’est là que se situe la coopérative de tissage dans laquelle sont tissés nos coussins de la collection Niamsa !
Ici, on ne parle pas le vietnamien mais un dialecte : le Cils. Lorsqu’on entre dans une maison, on salue notre hôte en disant "Niamsa" ! "Chu" signifie "oncle" en Cils.
Thuyen et moi, nous nous préparons à aller récolter du miel sauvage. Nous partons en petit groupe, accompagnés par une équipe de Caritas, l’organisme de bienfaisance qui est notre partenaire local.
Nous nous rendons jusqu’à la forêt à moto, afin de descendre à pieds pour gagner la rivière.
Le terrain est bien pentu et escarpé ! Après la pluie, l’horizon disparaît dans une épaisse nappe de brume…
Chu Chu et Bang construisent un abri en recouvrant les tiges de bambou avec des bâches.
Chu Duk coupe du bois avec sa lame pour faire du feu.
Pour reprendre des forces, nous décidons de préparer ensemble un bon repas ! Les uns s’en vont à la pêche pour ramener des crevettes et des crustacés…
… tandis que les autres cueillent des légumes frais au cœur de la forêt !
C’est Ian, la fille de Chu Chu, qui cuisine ! Elle nous prépare un bon petit plat avec les ingrédients récoltés, une spécialité culinaire de son pays.
Les crustacés et les légumes mijotent sur le feu : ça sent bon ! Nous allons nous régaler.
Après un déjeuner bien mérité, nous quittons le campement, en quête de miel sauvage. La pente étant toujours aussi abrupte, il faut s’élancer, en s’agrippant aux arbres pour ne pas glisser et en évitant les nids de fourmis !
Chu Chu a repéré il y a quelques temps l’emplacement d’un nid d’abeilles noires dans un arbre. Il a gravé son nom sur le tronc, en guise de repère.
Une rivière paradisiaque croise notre chemin; le niveau de l’eau est bas car nous sommes en saison sèche. Les Cils connaissent bien la forêt. Lorsque la végétation est trop dense, ils sifflent pour s’y retrouver !
Une fois arrivés au pied de l’arbre, nous installons des moustiquaires pour nous protéger des piqures. C’est Thuyen qui monte au sommet, à près de douze mètres d’altitude. Son équipement se compose de gants, d’une épaisse couche de vêtements et d’une hotte en bambou. Avant de monter, il prie ! Au loin, l’orage retentit…
Thuyen a récolté deux litres de miel, sans faire l’usage du feux, puisque le sol n’était pas plat et le nid trop haut. Il a laissé une partie du nid pour préserver les abeilles. Les Cils réitèrent cette tradition trois mois par an. Ils maîtrisent l'art de collecter le miel sans faire de mal aux préciaux insectes. Par ailleurs, ils s’inspirent des motifs rencontrés dans la nature pour façonner leurs tissages.
La coutume veut que celui qui grimpe ne porte rien, tandis que les autres portent l’équipement et la récolte. La hotte est fabriquée à la main en utilisant la technique de la vannerie. Nous nous dépêchons de rentrer car la pluie commence à tomber…
Le soir, nous faisons un feu de camp pour nous réchauffer et cuisiner un délicieux repas. Au menu : des larves d’abeilles cuisinées, un poulet provenant de la maison de Dong, des herbes de la forêt et du riz cultivé par les Cils. Aussi surprenant que cela puisse paraître, les larves d’abeilles sont très bonnes !
Après un moment de remerciements, nous plions bagages. Thuyen, qui se marie bientôt, laisse tout en ordre derrière lui car, selon la coutume, cela éloignerait le mauvais sort. Nous remontons la pente et les premières courbatures commencent à se faire sentir… Thuyen, qui cultive son riz en bas de la colline, est un excellent marcheur ! Mais le jour où il s’est blessé, famille et voisins se sont relayés pour le porter.
L’expédition dans la jungle s’achève avec une dégustation d’eau de riz. C'est une boisson traditionelle préparée en faisant bouillir du riz grillé dans de l’eau, dans le but de se nettoyer le foie après avoir mangé des plantes de la forêt. Un délice !
Chez Dong, Chu Duk et Thuyen, nous retrouvons toute la famille. Le miel est transformé jusqu’à devenir onctueux.
En cuisine, je rencontre la fiancée de Thuyen ! Je repars avec du miel frais et savoureux.
Je garde un beau souvenir de cette expédition et suis reconnaissante au peuple Cils de m’avoir initiée, le temps d’une journée, aux secrets de leur forêt. Grâce à eux, j’ai découvert les nombreuses plantes qui y poussent et qui peuvent être utilisées par l’homme pour manger ou pour se soigner.
Cependant, des personnes extérieures viennent se servir ou détruire la forêt sans aucun scrupules…
Ainsi, en 20 ans, les tigres ont disparus; en 40 ans, les ours aussi et, depuis quelques années, leurs terres fertiles sont volées ou achetées.
Ce qui m’a marquée, c’est que les Cils, eux, font toujours attention à protéger la forêt et à ne pas y collecter plus que ce dont ils ont besoin. Vivre à leurs côtés m’a permis de réaliser que les peuples racines nous montrent la voie vers les solutions aux défis écologiques que nous rencontrons.
Et voilà, il est temps de refermer le carnet de voyage de Lucie. À bientôt pour de nouvelles aventures en Asie du Sud-Est !
Si vous souhaitez continuer ce voyage avec nous, vous pouvez faire un don sur la plateforme HelloAsso pour soutenir le peuple Cil et aider TrendEthics à développer la coopérative de tissage locale.