Les secrets des teintures végétales : recette de teinture à l'écorce de bauhinie

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 Le bauhinie (”hoa ban” en vietnamien) est un arbustre qui fleurit au mois de mars.

 

Ce dimanche 5 juin, c'était la journée mondiale de l’environnement. Cette année, en 2022, c’était aussi la journée de lancement de la Décennie des Nations unies pour la restauration des écosystèmes. Créé à l’initiative des Nations unies, cet évènement a pour but de sensibiliser les différents acteurs de la société (gouvernements, entreprises, société civile, écoles, célébrités, villes et communautés) aux multiples manières de s’engager et d’agir en faveur de la préservation de l’environnement.

 

Ainsi, nous te proposons de lire sur notre blog, chaque semaine du mois de juin, un article mettant à l’honneur une plante tinctoriale et une recette de teinture réalisée à partir de celle-ci. Et oui, c’est grâce à la préservation de la flore que nous pouvons apprécier la beauté des teintures végétales !

 

La teinture est, comme le tissage, un savoir-faire ancestral. Face à la considérable empreinte écologique de l’homme, la transmission des recettes de teintures végétales est un moyen d’oeuvrer pour la préservation des écosystèmes menacés. En effet, les tisserandes issues des minorités ethniques d’Asie du Sud-Est plantent et cultivent des espèces végétales, ce qui permet de restaurer la flore locale. Elles ont notamment réintroduit la culture du coton brun, qui avait depuis longtemps disparu, au coeur du paysage local de Dien Bien Phu, une province située au nord du Vietnam. La culture raisonnée des terres aux alentours des coopératives est donc une manière d’agir au quotidien pour favoriser la biodiversité.

 

Chez TrendEthics, nous avons conscience que notre activité repose sur la bonne santé de l’environnement au sein duquel nos coopératives de tissage s’inscrivent. C’est pourquoi nos collections sont produites en petite quantité et au moyen de coton écologique, afin de ne pas épuiser les sols, ni les polluer par des pesticides toxiques. En ce qui concerne les plantes tinctoriales, elles sont collectées avec soin dans le respect de la biodiversité et utilisées selon un principe d’économie des ressources. 

 

 

Dans ce premier article de notre série sur “les secrets des teintures naturelles”, nous vous présentons une recette de teinture réalisée à partir d’écorce de bauhinie, un arbustre qui pousse dans les régions tropicales et qui produit de jolies grappes de fleurs blanches ou roses. D’ailleurs, cette recette permet de teindre les fils ou les étoffes naturelles en un brun qui tire vers le rose. Laissez-vous guider, étape par étape, par notre recette et découvrez en images les tisserandes de la coopérative de Dien Bien Phu. Elles aussi ont mis les mains dans la teinture ! Elles ont ainsi pu développer leur expertise de la teinture au cours d’une formation professionelle, donnée par la Vietnamienne Thao Vu, spécialiste en teinture végétale.

 

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Les tisserandes de l’ethnie Lao sur le chemin de la forêt tropicale.

 

En avant pour la teinture ! Pour cette recette, les teinturières ont besoin d’écorce de bauhinie, qu’elles partent récolter en pleine forêt équatoriale vietnamienne. Saviez-vous qu’il existe plus de deux cent cinquante espèces de bauhinies dans le monde ? Les magnifiques fleurs du bauhinie ne fleurissent au Vietnam qu’au mois de mars, tintant de rose forêts et montagnes. Cet arbre est très apprécié car, en plus de sa beauté, il possède de nombreux bienfaits et peut servir aussi bien à des fins culinaires ou médicinales que tinctoriales. En effet, son écorce grise est naturellement riche en tanin, une substance transparente ou colorante contenue dans les végétaux et qui, associée à un mordant, contribue à fixer le colorant aux fibres cellulosiques, tel que le coton.

 

Pour mordancer les fibres, les tisserandes emploient du minerai d’aluminium à l’état brut : celui-ci ne contient pas les substances toxiques et les impuretés contenues dans l’alun rafiné; utilisé avec parcimonie, il est donc un moindre danger pour l’environnement et la santé. En outre, il est indispensable pour garantir la solidité ou résistance à la lumière des couleurs appliquées aux textiles.

 

Pour teindre les textiles, il faut aussi de la crème de tartre, un ingrédient naturel qui est couramment utilisé en cuisine, en particulier pour la préparation des meringues ! Il s’agit d’une poudre blanche acide issue des dépôts générés par le processus de fabrication du vin.

 

Enfin, l’eau utilisée pour teindre est puisée à proximité de la coopérative. C’est une eau alcaline naturellement riche en fer, ce qui a une certaine influence sur les teintes obtenues en teinture. Le pH idéal pour teindre étant de 7, on ajoute parfois un peu de vinaigre pour acidifier le bain de teinture.

 

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Pom prend appui sur le tronc du bauhinie pour en découper l’écorce à l’aide de sa machette.

 

Elle porte sur son dos un panier tressé traditionnel en bambou et en coton. 

 

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De retour à la coopérative, les tisserandes coupent l’écorce en plus petits morceaux.

 

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La teinture est un travail d'équipe.

 

Après avoir fait bouillir les morceaux d’écorce de bauhinie et la crème de tartre dans l’eau

pendant 30 à 45 minutes, le mélange est filtré pour ne conserver que la solution colorante. 

 

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Les textiles sont d’abord lavés avec de la lessive de cendres. 

 

Ils trempent dans un bain à 60°C et pendant 45 minutes à une heure.

Ce type de lessive, utilisé depuis l’antiquité, est fabriqué à partir des cendres de bois fruitiers

ou de fougères provenant du foyer des habitations.

Le lavage permet de faire disparaître les impuretés du coton, de le rendre plus blanc et plus souple.

Les fibres sont rincées à l’eau froide : le choc thermique favorise l’absorption à venir du colorant.

 

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Les fils et tissus sont ensuite teints à chaud ou à froid.

 

Les teinturières peuvent produire toutes sortes de nuances de couleurs, lesquelles varient en fonction

de la température du bain et du nombre de fois où le processus de teinture est répété.

 

Vi Thi Tich plonge l’étoffe de coton blanc, lavée et essorée, dans le bain de teinture chaud, en s’aidant d’une tige de bambou.

La température est élevée progressivement pendant 45 minutes jusqu’à atteindre 60°C.

 

Pour teindre à froid, les artisanes plongent les tissus dans une bassine contenant le reste de la solution colorante,

puis les laissent tremper au moins une heure et jusqu’à une nuit pour obtenir des tons profonds.

 

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On laisse les textiles reposer un moment avant de les rincer doucement à l’eau claire. 

 

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Fils et tissus sont ensuite mis à sécher.

 

Ils sont disposés à l’abri de la lumière du soleil, afin de préserver leur souplesse et leur éclat.

Leur teinte est d’un joli rose tirant sur le brun.

 

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Quelle joie, après plus d'un an de travail et d'aléas COVID,

de voir les tisserandes de ce programme de tissage suivre une formation complète en teinture végétale !

 

La coopérative de tissage de Dien Bien Phu a été structurée en partenariat avec l’ONG Entrepreneurs du Monde. Nous avons réussi à la mettre en place grâce à un financement de la fondation Agir Sa Vie, mais il nous manque encore une partie des fonds. Même un petit geste peut permettre d'aider ces femmes à vivre de leur passion et à transmettre aux jeunes générations ce savoir-faire précieux ! Grâce à vous, elles vont aussi pouvoir améliorer leurs techniques de filature du coton et de tissage.

 

Vous souhaitez en savoir plus sur la journée mondiale de l’environnement et sur la Décennie des Nations unies pour la restauration des écosystèmes ? Consultez ces liens !

 

Merci à Quynh Anh pour sa contribution à la retranscription de cette recette !

 

 

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